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Les anecdotes
8 février 2022

La Maison des Animaux

consultation-animaux

Les animaux ont, à présent, leur maison de retraite, tout comme les vieux comédiens. Et c’est le parc d’un château — ni plus ni moins — qui est mis à la disposition des bêtes.

Voilà qui ferait singulièrement se rengorger les faméliques chats de gouttières et les chiens abandonnés, s’ils se doutaient, lorsqu’ils franchiront la grille dans leurs petites voitures d’ambulance, qu’on les installe dans l’ancien domaine d’un marquis, spécialement aménagé pour eux. Rien n’est, pourtant, plus exact. Le château de Bel-Air, qui domine au sud la petite ville de Rueil, fut construit, il y a quelques lustres, dans le goût du dix-huitième siècle, par le marquis de Maubout, aujourd’hui décédé. Son propriétaire actuel, M. Lépinay, est secrétaire général de l’ « Assistance aux Animaux », et il a mis là plus grande partie de son parc à la disposition de la Société pour réaliser une oeuvre de bienfaisance envers les bêtes.

Chiens, chevaux et chats sont installés, les uns et les autres, dans des locaux spacieux aménagés suivant toutes les règles de l’hygiène : cuisine, salle de bains, infirmerie, salle d’opérations, parc pour les ébats des bêtes,  rien n’y manquera pour assurer tout le confort désirable aux petits pensionnaires. Des infirmiers et infirmières en blouse blanche font le service, et des consultations gratuites sont données, certains jours de la semaine, aux personnes qui ont des animaux à faire soigner.

abri-chats

L’histoire des bêtes recueillies est, parfois, touchante, car elle montre le profond attachement qu’ont les déshérités de la fortune pour leurs fidèles compagnons, donnés, peut-on dire avec Lamartine : 

« Pour aimer encor ceux que n’aime plus personne. » 

Un jour, c’est une brave femme, qui habitait la zone, près de Saint-Ouen, et que son propriétaire allait expulser. Elle était moins inquiète pour elle-même que pour ses chats, car, quoiqu’elle fût dans la misère, elle avait chez elle vingt-huit chats, qu’elle avait recueillis, et elle ne savait où les loger en attendant de chercher un nouveau gîte. Vingt-huit chats du coup ! C’était quelque chose. Cependant, devant le chagrin de cette brave femme, on n’hésita pas à les héberger jusqu’à ce qu’elle eût trouvé un nouveau logement.

Une autre fois, M. Lépinay recevait la visite d’un marchand de légumes de la Varenne-Saint-Hilaire, qui lui amenait son âne, Baptiste. L’homme se faisait âgé, il avait perdu sa femme et obtenu son admission dans un hospice. Qu’allait devenir Baptiste ? Le pauvre vieux déclara en pleurant qu’il ne se séparerait pas de son fidèle serviteur, si le sort de celui-ci n’était pas assuré. A ce moment, la Société n’avait pas le domaine de Bel-Air à sa disposition et elle n’était pas installée dans Paris pour hospitaliser les gros animaux. Toutefois, une exception fut faite en faveur de Baptiste, qui se rendit utile en portant des croûtes. Tranquillisé, le bon vieillard prit alors le chemin de l’hospice.

clinique-animaux

Pour encourager la pitié envers nos « frères inférieurs », l’Assistance aux Animaux distribue tous les ans des récompenses aux professeurs et instituteurs qui apprennent à leurs élèves à aimer les bêtes, si utiles pour nous quand on sait les comprendre et se les attacher. Et, désormais, plus heureux que beaucoup d’entre nous, les animaux auront leur maison de campagne.

« Les Annales politiques et littéraire. »Paris, 1910.

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