Aviation lyrique
L’Opéra a repris La Damnation de Faust : il manquait quelque chose au ballet. Jadis, on voyait des sylphes voltiger dans l’atmosphère, figures lumineuses et fugitives…
Ces esprits de l’air étaient incarnés par les fillettes des classes de l’Opéra, mais le rôle n’avait rien de bien tentant, malgré l’empressement des gamines pour paraître dans ce ballet aérien. On les emprisonnait dans un corselet de fer muni d’un anneau auquel s’attachait un fil d’acier. Suspendues dans l’espace, les sylphes tenaient en main une vaste coquille Saint-Jacques contenant une lampe électrique qu’elles allumaient et éteignaient tour a tour, apparaissant ainsi et disparaissant brusquement au milieu des airs.
Mais, hélas ! le « fil » ne restait pas immobile et les sylphes voltigeaient de droite et de gauche, plongeaient brusquement pour remonter soudain vers les frises. Et il advenait régulièrement que la coquille Saint-Jacques, à la fin du ballet, contenait autre chose que la lampe électrique…
On a donc supprimé ces exercices indigestes. Il est vrai qu’on pourrait faire appel à des aviateurs entraînés à ce genre de sport.
« Les Spectacles. »Lille, 1923.
Montage illustration : Les anecdotes