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Les anecdotes
23 janvier 2024

Animaux légendaires

dragon

Dans l'histoire des rues de la ville d'Arles que publie actuellement le journal le Forum l'organe si apprécié et si patriote de la vieille capitale Provençale, M. Emile Fassin, l'érudit historigraphe de nos gloires méridionales, rappelle que la rue dite du Logis de Sainte Marthe tirait son nom d'une modeste hôtellerie créée jadis par un natif de Tarascon où la Sainte Femme est particulièrement honorée pour avoir délivré la contrée d'un monstre qui ravageait les bords du Rhône. Un Artésien, Bovis, prêtre et bénéficier de l'Eglise de St Pierre à Avignon, raconte ainsi celte légende :

« La cause que Ste Marthe vint habiter ce lieu fut un dragon furieux, de grosseur d'un taureau, ayant la tête comme un lion, le crin comme une jument, les dents comme des éspées, le dos tranchant comme une faux, la queue de couleur de vipère, qui marchait à six pieds de forme humaine, estait couvert d'une escaille comme une tortue et tellement hydeux qu'on l'appelait vulgairement la tarasque  qui veut dire laid et difforme. Cet animal se nourrissait sur la terre et dans l'eau ce qui estait la cause qu'il faisait tant de ravages au bétail de labour et aux barques qui passaient sur le Rhône, même il mangeait les hommes qu'il pouvait attraper dans l'eau ou en terre ferme. Ceux qui ont escrit de ce dragon disent qu'il avait été engendré d'un monstre qui se nourrissait dans le fleuve du Jourdain appelé Leviathan en Asie et d'un animal terrestre qui se nourrit dans les déserts de Galatie appelé Bonassus et ayant traversé la mer Méditerranée entra dans le Rhône et faisait son séjour dans un bois appelé Nerluc c'est à dire bois noir ou est à présent la ville de Tarascon...

« Les peuples voisins voyant les maux que ce dragon leur apportait sans qu'ils eussent le moyen de s'en délivrer à force d'armes et entendant la renommée des extraordinaires miracles que Ste Marthe et St Maximien faisaient à la ville d'Aix l'allèrent prier de leur donner secours, ce que cette sainte leur accorda facilement en y venant avec sa servante Marcelle. Ste Marthe voyant ce dragon h l'entrée de sa caverne au bord du Rhône, lui commanda au nom de Jésus Crucifié qui avait écrasé la tête an dragon infernal, de venir à elle sans faire mal à personne; ce que ce monstre fit avec même douceur que s'il eut été un agneau domestique, en se mettant aux  pieds de la Sainte et se laissant mener au peuple qui le mit à mort et se convertit à la foi de Jésus-Christ sous la prédication que leur en fit Sainte-Marthe. »

Mais si l'hôtelier Tarasconais avait placé son auberge sous le vocable de la sainte patronne de sa ville natale, les mariniers du Rhône, dit M. Fassin, l'avaient surnommée l'auberge de la Tarasque «moins à cause de l'enseigne appendue sur la porte qu'en souvenir d'une patronne peu avenante, toujours rogue, sorte de virago de sexe équivoque, de formidable carrure, de farouche vertu que nul jamais n'apprivoisa, mais qui rachetait ses imperfections par un talent culinaire pour lequel les succulentes recettes tarasconaises n'avaient pas de secrets.»

Naturellement l'achalandage de l'auberge de la Tarasque suscita une concurence et un établissement voisin arbora fièrement comme enseigne une autre bête fantastique: la Salamandre. Cette auberge était tenu par un cordon bleu Arlésien qui s'appelait Dauphine et dont le nom seul aurait du suffire pour attirer la maritime clientèle du port d'Arles alors dans toute sa prospérité. «Cette rivalité triomphante,dit notre historiographe,s'affimait dès la première vue de l'enseigne; la Salamandre se dressait hérissée et provocante en face de la Tarasque qui grinçait au moindre vent sur la devanture de la maison voisine dans la pose humiliée d'une bête apocalyptique enchainée et contenue par un simple lac de rubans aux mains d'une jeune fille. Ces deux enseignes emblématiques figuraient bien aux yeux du public l'apre concurrence des deux établissements rivaux mais le choix de la salamandre dissimulait ingénieusement une pensée malicieuse et profonde, une croyance populaire attribuant au batracien le pouvoir d'éteindre le feu et c'était évidemment celui des fourneaux de la Tarasque que sa rivale avait en vue. »

Le Dragon, qui était une tarasque dans son genre, et la Salamandre ont été souvent pris pour enseignes pendant le Moyen Age, surtout par les pharmaciens et les alchimistes, à cause des propriétés que la légende attribuait à leur venin. « Le Dragon,lisons-nous sur une vieille gravure Allemande, vit dans la forêt. A la vue d'un rayon de soleil ou d'une étincelle de feu, il crache son venin qui est mortel pour tous les êtres vivants, mais lui, en mordant sa queue, consomme son propre venin quise transforme dans son corps en un baume salutaire ».

Et de la Salamandre un Bestiarium ou traité des animaux de la Bibliothèque royale de Bruxelles (n° 10.074) dit qu'elle se nourrit de feu et produit une substance qui n'est ni soie, ni lin, ni laine, et dont on peut tisser des vêtements qui vont au feu sans brûler. Bossewell dans son traité des Armoiries dit que de tous les animaux la Salamandre est le plus venimeux. Si elle grimpe dans un arbre elle en empoisonne tous les fruits au point que celui qui en mange est empoisonné lui même et si un de ces fruits tombe dans l'eau, l'eau n'en sera pas moins contaminée et nocive.

La ville de Tarascon célèbre tous les ans une fête de la Tarasque pendant laquelle on promène de par la ville un gigantesque mannequin qui représente le monstre légendaire lançant des fusées par les naseaux et fanchant avec sa queue les badeaux qui s'approchent de trop près de l'animal légendaire. Toutes les corporations figurent dans la procession et c'est à qui s'évertuera à jouer quelque mauvaise farce de son métier aux curieux de ce spectacle populaire. Les fêtes de la Tarasque furent fondées par le roi René le 14 avril 1474. Les figurants qui escortaient la bête étaient choisis autrefois dans les rangs des familles nobles de la région; ils se recrutent aujourd'hi dans toutes les classes de la société.

Le Chenil, février 1915 

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