Gasconnade
Le général Beurnonville avait obtenu, en 1791, le commandement d’un corps d’armée. Il eut avec les Autrichiens plusieurs affaires, qui ne furent pas toutes à son avantage, notamment celle de Pellygen et celle de Grew-Machen.
Dans le rapport qu’il fit de ce dernier combat, il affaiblissait ses pertes d’une manière si dérisoire, qu’on crut qu’il obéissait servilement à des ordres ministériels.
« Après trois heures d’une action terrible, disait-il, et dans laquelle les ennemis ont éprouvé une perte de dix mille hommes, celle des Français s’est réduite au petit doigt d’un chasseur. »
Cette singulière gasconnade amusa beaucoup tous les clubs de Paris. On en fit une chanson dont le refrain était :
♫ Hélas ! citoyen Beurnonville,
Le petit doigt n’à pas tout dit. ♪
Les soldats eux-mêmes, commentant l’hyperbole, ajoutaient que « le petit doigt perdu s’était retrouvé. »
« Curiosités historiques. » Paris, 1855.