Le suffrage des femmes
On nous communique l’anecdote suivante, dont le héros est John-Stuart Mill, le grand économiste anglais qui vient de mourir à Avignon.
On sait que John-Stuart Mill a passé une partie de soi existence à plaider la cause du suffrage des femmes. Un jour, dans un petit village aux environs d’Avignon après une longue course, il s’arrête dans une auberge et demande à souper. Il n’y avait plus que quelques saucisses, et il fallait deux heures pour aller à la ville et en revenir.
Au moment où l’on va lui servir ce qui restait, arrive une bande de jeunes paysannes qui venaient de faner et qui soupaient d’habitude à cette auberge. Il s’approche de l’aînée et lui demande la permission de partager leur repas. Celle-ci consulte ses voisines, qui, l’appétit aiguillonné par le grand air, refusent énergiquement.
John-Stuart Mill s’en alla, le ventre vide, réfléchissant sur l’autorité du suffrage des femmes.
« Le Journal des coiffeurs. » Paris, 1873.