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Les anecdotes
14 février 2022

Mauvaise langue

charles-dickens


Les anciens avaient toujours soin, au milieu  des plus grands triomphes, de faire dire aux triomphateurs qu’ils n’étaient que bien peu de chose, puisqu’ils n’étaient que des humains. Aussi ne considérera-t-on pas comme une marque d’irrespect, la citation de cette lettre du romancier Charles Dickens, à propos de la célèbre romancière George Sand : 

Paris, 12 janvier 1856.  

J’ai dîné chez la soeur de Malibran, l’admirable Mme Viardot, dont je suis de plus en plus amoureux, avant-hier soir 10 janvier, pour y faire, par faveur spéciale, la rencontre de la très grande, très illustre, très célèbre George Sand. Hélas ! Encore une de mes illusions fauchée par la réalité cruelle !  

L’auteur de tant d’oeuvres brillantes ne ressemble pas du tout au romanesque portrait que je m’en étais fait. Si on me l’avait montrée à Londres, dans la rue, je l’aurais prise pour une des sages-femmes de la Reine : elle est joufflue et respectable. Elle est brune avec une légère moustache et des yeux noirs tranquilles. Elle n’a rien du bas-bleu, si ce n’est une petite façon finale de faire cadrer vos opinions avec les siennes, qu’elle doit tenir de Nohant, maison de campagne, où elle vit en souveraine, dominant et tyrannisant un cercle étroit d’adorateurs. En un mot, brave femme, très ordinaire comme figure, comme conversation, comme manières !

Pour ce qui est de son esprit, on le dit très brillant, mais je n’ai pu en juger : elle n’a pas daigné le sortir…  

Maintenant, n’y a-t-il-pas, là dessous, un peu de jalousie de métier ?

« Touche-à-tout : revue hebdomadaire. »  Paris, 1904.

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