Le Club des auteurs sifflés
On parle du caractère irritable des poètes. Or, l’année dernière s’est constitué à Londres le « Club des auteurs sifflés ».
Ses statuts n’admettent l’adhésion que d’écrivains ou de dramaturges qui jamais n’ont connu le succès. Mais dès qu’il sourit à l’un d’eux, celui-ci est automatiquement rayé du nombre des adhérents. En fondant cette association, les initiateurs poursuivaient un but philanthropique : ils cherchaient à rendre confiance dans leurs forces à des débutants dont la voie est bordée d’épines. Un auteur dramatique dont la pièce tombe après deux ou trois représentations est en droit de briguer l’honneur d’en devenir membre, mais si sa pièce est déclarée un four dès la première représentation, il est reçu membre d’honneur.
Dès la première séance plénière du « Club des auteurs sifflés », un des orateurs indiqua que le club londonien n’était que la réincarnation d’une association née à Paris autour de 1880, et groupant certains auteurs sans succès. Parmi eux, on relève les noms de Zola, d’Alphonse Daudet, de Tourguéniev…
« Le Monde illustré. » Paris, 1936.
Peinture de Jean Béraud.