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Les anecdotes
18 avril 2023

Expérience

pendu

Le célèbre Bacon, (mort à Londres en 1626) , raconte dans son Historia vitae et mortis, un fait assez singulier qui ne pouvait guère se passer que sur les bords nébuleux de la Tamise. II a connu, dit-il, un gentilhomme à qui il prit un jour la fantaisie de savoir par lui-même si ceux que l’on pend souffrent beaucoup dans le moment suprême.

En conséquence, cet original disposa dans son appartement tout ce qui était nécessaire pour cette bizarre expérience; tel que corde à noeud coulant, bien savonnée et solidement attachée à la poutre, escabelle à renverser lorsque le lacs fatal aura été passé au cou, cravate ôtée, etc. Ces préparatifs étant terminés, notre gentilhomme se met a l’oeuvre, et, dans un clin d’oeil, le voilà suspendu en l’air dans la position la plus verticale possible, les pieds à 18 pouces du parquet. Il lui eut sans doute été difficile de rendre compte des résultats de son expérience, si elle se fut prolongée pendant un quart d’heure. Mais fort heureusement, quelqu’un survenant dans l’appartement, au bout de trois minutes, coupe la corde et, moyennant quelques frictions, met notre curieux dans le cas de raconter ce qu’il a éprouvé.

II déclare qu’il n’a ressenti aucune douleur, qu’il a seulement aperçu dans l’organe interne de la vue, une espèce de flamme qui s’était peu a peu changée en obscurité, puis en couleur bleue, effet que l’on éprouve ordinairement quand on tombe en syncope; qu’enfin cela lui suffisait, puisqu’il savait a quoi s’en tenir sur ce genre de mort, plus doux que ne le pense le vulgaire. Tel est le récit de Bacon.

II est présumable que ce gentilhomme, sujet aux attaques du spleen , désirait savoir quelle serait la manière la plus douce, c’est-à-dire la moins douloureuse pour se guérir radicalement de cette maladie inhérente au climat d’Angleterre; et il aura essayé l’expérience dont nous venons de parler. Si dès lors il a éprouvé quelqu’accès violent dudit mal, il aura sans doute choisi la pendaison pour s’en débarrasser.

 Gabriel Peignot. « Le livre des singularités. »  Dijon, 1841.

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