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Les anecdotes
1 février 2022

Fleurs en salade

nature-morte

En l’honneur du printemps, nous écrivîmes un jour une petite fantaisie où il était question de manger des fleurs en salade. Cette exagération de l’enthousiasme apporté par les mois fleuris pouvait prêter à quelque critique. Or la chronique médicale nous apprend qu’un médecin du Puy-de-Dôme fit récemment préparer par sa cuisinière un bifteck aux capucines.

Le cresson prévu comme garniture manquait en effet et le docteur décidé à orner convenablement la viande grillée cueillit dans son jardin une botte de fleurs de capucines, les déposa sur un plat avec un morceau de beurre frais, les saupoudra de sel et de poivre, et les arrosa de jus de citron. La cuisinière émerveillée et inquiète à la fois, plaça le bifteck sur ce lit somptueux et le docteur le mangea.

Il le trouva exquis.

La fleur de capucine possède un goût particulier fin et piquant qui ressemble à celui du girofle dont le bouton desséché est employé pour la cuisine. Il y a d’ailleurs belle lurette qu’on mange des fleurs. Les jasmins et les fleurs d’Italie, comme les violettes de Toulouse nous parviennent depuis longtemps sous forme de confiseries exquises et parfumées. Et le choux-fleur, n’est-il pas l’inflorescence d’un végétal cueillie un peu avant son complet développement ?

Dans l’est de la France, le nénuphar jaune sert à la fabrication des confitures, les grappes blanches et parfumées de l’acacia à celle de délicieux beignets et les capucines assaisonnent et égayent la salade dans certaines régions.

Les mangeurs de fleurs appelés « anthopophages » ne sont donc pas nés d’hier. Les mauvaises langues diront qu’il convient de se méfier d’eux car ils sont « anthropophages » sans en avoir l’r. Il convient aussi, dans la consommation des fleurs, de les choisir avec le conseil de l’herboriste. On m’a conté l’histoire d’un vieux grigou qui aimait tant l’argent qu’il eut envie un jour de manger des « boutons d’or ».

Il s’empoisonna.

Tristan Lenoir. « La Revue limousine. » Limoges, 1929.

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