Manière de faire un ténor
Au mois de juillet, un garçon coiffeur de Trieste éprouva des chagrins d’amour, Il voulut offrir sa vie en holocauste à l’infidèle, et il se coupa bravement la gorge avec un rasoir, ou, pour mieux dire, il se la coupa aux trois quarts.
On le transporta à temps à l’hôpital. Il reçut les soins les plus empressés des meilleurs praticiens, et on le sauva. Jusqu’ici, rien d’extraordinaire,on voit de ces choses-là, tous les jours. Mais le roman commence justement après les deux mois de convalescence du trop amoureux barbier.
Savez-vous avec quel capital il est sorti de l’hôpital ? Il en est sorti avec une voix de ténor dramatique d’une puissance et d’un timbre extraordinaires. Il se trouve à présent à Vienne, où il fait son éducation musicale sous la direction d’un des plus habiles professeurs.
Ceux qui l’ont entendu en ont été émerveillés.
« Journal du Loiret. » Paris, 1868.