Les toiles d’araignées dans les étables
C’était autrefois un usage général, en Vendée, de ne jamais toucher aux toiles d’araignées dans les étables. Cette coutume, peu à peu abandonnée çà et là, mais encore en vigueur dans un grand nombre de villages, était fondée sur la croyance populaire que les toiles d’araignées retiennent le mauvais air et préservent le bétail des maladies contagieuses.
Il se peut qu’il n’y ait là qu’un préjugé sans fondement, mais est-il bien vrai que la présence de ces toiles d’araignées soit aussi néfaste que le prétendent, messieurs les professeurs d’agriculture… en chambre ? Ce qu’il y a de certain, c’est que les cultivateurs du Haut-Bocage sont, en grande majorité, demeurés fidèles à l’antique coutume, et que c’est précisément dans cette partie de la Vendée que s’élève le plus beau bétail. D’où je serais tenté de conclure que cette croyance populaire, comme tant d’autres en apparence ridicules, ne mérite point les anathèmes des soi-disant savants, toujours un peu trop portés à nier — a priori — ce qui leur paraît inexplicable : il y a tant de faits que la Science (avec un grand S) est impuissante à expliquer et qui n’en sont pas moins des faits !
En tout cas, s’il n’est pas permis d’affirmer que les toiles d’araignées dans les étables retiennent le mauvais air, on peut tenir pour certain qu’elles retiennent les mouches, et j’aime à croire que si les bœufs et les vaches pouvaient parler, ce ne serait pas pour s’en plaindre !
« La Vendée historique. » Luçon, 5 octobre 1908.