Le chef-d’œuvre imprévu
Les œuvres les plus belles ne sont le plus souvent dues qu’à un heureux hasard de circonstances. Leurs auteurs cherchèrent à exprimer ce qu’ils sentaient dans l’enthousiasme de leur génie et y réussirent.
Le hasard fit naître parfois de la façon la plus imprévue des œuvres parfaites. Témoin, ce chapeau qui fut mis en vente il y a quelques année chez un marchand de tableaux et dont le fond était orné d’une exquise peinture de Corot. Voici comment le maître fut amené à illustrer ainsi l’humble couvre-chef.
C’était un juin 1874, à Ville-d’Avray, Jean-Baptiste Camille Corot peignait un paysage et à ses côtés était assis un acteur de ses amis qui avait posé son chapeau sur le sol. Corot laissa, par mégarde, tomber un de ses pinceaux qui fit une tache sur le satin dont était doublé le feutre. La tache était bizarre, de forme imprévue : le peintre eut alors l’idée de l’arranger. C’est ainsi qu’il décora le chapeau de l’acteur qui en fut enchanté.
Mais où l’histoire devient encore plus plaisante, c’est que cet acteur, Cléophas, devint dans la suite marchand de tableaux. Et voilà aussi comment naît parfois une vocation !
« Agence républicaine d’informations. » Paris, 17 juillet 1917.