Œuvre d’imbécile
Un chroniqueur peu scrupuleux sur le choix de ses anecdotes, rapporte que M. de Lamartine, interrogé dans un salon sur le mérite des Travailleurs de la mer, aurait répondu :
« C’est l’oeuvre d’un fou devenu imbécile. »
Certains journalistes, de beaucoup d’esprit d’ailleurs, ont un grand tort, c’est de croire que la langue du café de Madrid ou du café de Suède a droit de cité dans la bonne compagnie. En supposant, ce qu’il est difficile d’admettre, que M. de Lamartine ait sur Victor Hugo et son livre l’opinion formulée ci-dessus, il ne l’aurait pas exprimée en ces termes dans un salon.
M. de Lamartine est un modèle exquis de l’homme bien élevé, et cela suffirait pour qu’il ne proférât jamais une pareille grossièreté, même s’il n’affectait pas en toute occasion, une amitié pieuse et une admiration sans bornes pour Victor Hugo.
« La Petite revue. » Paris, 1866.