Barreau et moustaches
Les journaux de ce matin racontent que M. le président Delangle n’a pas permis à un licencié en droit de prêter serment, comme avocat… parce qu’il avait des moustaches.
J’aimerais mieux qu’on sacrifiât le serment que les moustaches. Le premier expose à des parjures, le second expose tout au plus l’harmonie du visage, et encore ! Combien de gens n’auraient pas véritablement de figure, s’ils n’avaient pas de moustaches ?
Je sais bien que les habitudes de la magistrature excluent formellement les moustaches. Il me semble que si j’étais maître de trancher la question, j’ordonnerais, au contraire, par pudeur, que les moustaches fussent maintenues très longues et très épaisses, de manière à bien cacher la bouche.
La bouche de certains avocats, n’est-ce pas là l’indécence à dissimuler ?
« Le Chroniqueur de la semaine : critique, salons, théâtres, coulisses… » Paris, 1856.