26 décembre 2022
Adieu, rôti
Jean-Jacques, qui n’était alors que le fils assez friand d’Isaac Rousseau, citoyen et orfèvre de Genève, avait été condamné pour quelque espièglerie à s’aller coucher sans souper.
Passant par la cuisine avec son triste morceau de pain, il vit et flaira le rôti tournant à la broche. On était autour du feu : il fallut, en passant, saluer tout le monde Quand la ronde fut faite, lorgnant du coin de l’œil ce rôti qui avait si bonne mine et qui sentait si bon, il ne put s’abstenir de lui faire aussi la révérence, et de lui dire d’un ton piteux :
— Adieu, rôti.
Cette saillie de naïveté parut si plaisante, qu’on le fit rester à souper.
Le Cœur, Paris, 1833.
Illustration : « Jean-Jacques Rousseau faisant la lecture à son père ». Maurice Leloir, 1889.
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