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Les anecdotes
16 février 2022

Accoutumance

grand-guignol

Les locataires des immeubles avoisinant le Grand Guignol, rue Chaptal, sont habitués aux hurlements les plus farouches poussés par les artistes de ce théâtre et ne s’étonnent plus de rien. On connaît, en effet la spécialité de l’établissement.

L’on sait que les pièces les plus horrifiantes sont toujours monopolisées par lui et que les bruits de scène donnent lieu à des inventions parfois assez baroques, mais qui produisent tout de même leur effet auprès du public. C’est dire que les habitués du théâtre, acteurs, auteurs, machinistes, ouvreuses, sont blasés sur tous les cris humains et animaux.

Le secrétaire général du Grand Guignol, Camille Traversi, enferma un jour, dans son étroit bureau du premier étage, une dame d’un certain âge qui venait le supplier de jouer une de ses pièces. Il ne la savait pas là d’ailleurs et partit gaiement, gardant la clef du local dans sa poche. C’était une après-midi. On entendit soudain des clameurs épouvantables. La dame, lasse d’attendre, appelait, au secours. La concierge de l’immeuble voisin ne bougeait pas, la préposée à la location non plus. Toutes deux s’imaginaient de bonne foi qu’un artiste répétait son rôle.

La prisonnière ne fut délivrée que vers sept heures du soir. Ses cheveux, paraît-il, avaient blanchi. Il fut question de l’engager immédiatement, tellement elle avait bien hurlé.

Paris, 1920.

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