Rubens était-il sadique ?
Dans son Lyon tel qu’il était, et tel qu’il est, M. l’abbé Guillon fait part, à propos de la toile Descente de croix, d’une anecdote fort accréditée, et qui honore peu l’âme de Rubens.
On prétend, ajoute-t-il, qu’après avoir fait consentir un homme du peuple a se laisser attacher à une croix , pour lui servir de modèle, il l’y poignarda , reprit promptement ses pinceaux pour rendre, avec toute la vérité possible, l’état d’un crucifié qui rend les derniers soupirs. Ce qui peut rendre vraisemblable cette horrible histoire, c’est le visage de ce Christ qui exprime, non l’amour et la tranquillité d’un Dieu sauveur expirant librement pour le genre humain, mais la rage et le désespoir d’un homme qui meurt révolté de son supplice et furieux contre son assassin.
Quoique l’autorité de M. l’abbé Guillon soit infiniment respectable, nous pensons qu’il est grandement permis de douter de la vérité de cette anecdote, que nous n’avons rencontrée dans aucune biographie de Rubens.
Jean-S. Passeron. « Notice sur Daniel Sarrabat. » Lyon.