Peinture sans tricherie
Le Conseil des Musées nationaux vient d’acquérir la toile célèbre de Claude Monet, à laquelle le peintre attachait un prix tout particulier, les Femmes dans le jardin.
L’oeuvre, composée en hauteur et pour laquelle posa Mme Monet, marque une date dans l’histoire de l’art français. Pour la première fois, un peintre étudiait en plein air les jeux de la lumière. Présentée au Salon, la toile y fut refusée. Monet l’exposa, rue Auber, en vitrine, dans une boutique de marchand. Elle fit scandale, et Manet lui-même, au café de Bade, le soir, s’en gaussa dans un cercle d’amis.
« Croyez- vous, leur dit-il, qu’il y a un débutant qui veut faire de la peinture de figures dans le plein air, sans tricherie et sans concession, en ne s’inspirant que de la réalité qu’il perçoit ? Comme si ça s’était déjà vu ! Les maîtres d’autrefois ne connaissaient pas ça. Comme ils avaient raison! »
Trois ans plus tard, il était le premier à suivre l’exemple de Monet.
Ainsi s’exprime le Temps, qui tient l’anecdote de M. Claude Monet lui-même.
« Le Bulletin de la vie artistique. » Paris, 1921.