Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les anecdotes
1 janvier 2023

Lucette

the-jockey

— Sweet-hart,  hèle-t-elle, your flag is open !

L’Américain interpellé regarde précipitamment sa braguette, qui est parfaitement correcte, rougit et s’éloigne..

Satisfaite, Lucette s’esclaffe et nous confie qu’elle ne doit pas ‘se laisser aller à une excessive hilarité, sous peine de … mouiller ses dessous. A haute et intelligible voix, et en termes plus crus.  Puis elle nous livre celle affirmation :

— Leur prohibition ? Ça n’existe pas. Depuis sept ans que je suis à Frisco, je suis saoule tous les soirs, ni plus ni moins qu’ici…

Les voisins sont fort gênés. Car ceci se passe à la terrasse du Dôme, qu’après les autres établissements de Montparnasse les snobs se sont mis à envahir. Et nous nous amusons bien. Car si tous ces imbéciles viennent aligner leurs autos, chaque soir, le long de ces trottoirs, n’est-ce pas pour une grande part à cause de cette petite femme frisée à la voix rauque et rigolote ? Le Jockey n’a-t-il pas été une des boîtes qui ont le plus attiré vers ce quartier la clientèle actuelle, le Jockey d’autrefois, celui qui succéda au Caméléon, et où on s’amusait réellement?

Et qui donc dirigeait ce Jockey, sinon la Lucette que nous venons de vous présenter, ancien modèle qui épousa un Américain, et qui, après avoir couché sous les portes cochères, jadis, possède aujourd’hui une auto et trois maisons ? Sans être plus crâneuse pour ça, et surtout sans renier les vieux copains de Montparnasse, de l’ancien Montparnasse, le vrai, submergé par la Foire sans caractère qu’est devenu le Montparnasse d’aujourd’hui, où Lucette elle-même se trouve dépaysée.

« Les Potins de Paris. »  Paris, 1929. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Les anecdotes
Publicité
Les anecdotes
Newsletter
2 abonnés
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 9 156
Archives
Publicité