Pour rassurer le peintre
Le peintre Chaplin exécutait pour les belles dames des portraits incroyablement léchés et, souvent, avant que de les livrer aux modèles, il invitait ses connaissances à les venir admirer dans son atelier.
C’est ainsi qu’un jour, un monsieur qui se prenait pour un grand critique d’art, voulut lui expliquer les raisons pour lesquelles il admirait l’oeuvre offerte à son examen. Et, tout en parlant, il faisait des gestes, indiquait du bout du doigt un contour, une touche, et de si près que le peintre, très inquiet pour le résultat de son travail si pénible, ne put se tenir de réclamer un peu d’attention :
— Je vous en prie, mon cher, surveillez-vous. Ce n’est pas sec !
L’autre sourit aimablement :
— Merci, maître, mais ça n’a aucune importance. J’ai des gants, comme vous voyez.
« Le Journal amusant. » Paris, 1932.