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Les anecdotes
16 janvier 2022

Les vampires

vampire

Cette croyance, répandue en France pendant la première moitié du XVIIIe siècle, avait traversé l’Allemagne, après avoir pris naissance en Hongrie, en Pologne et en Moravie, où elle était si développée que, de 1700 à 1740, elle causa dans ces contrées une véritable épidémie. 

Un vampire était un mort doué du triste privilège de sortir, la nuit, de son tombeau pour sucer le sang des vivants, celui de ses parents les plus proches généralement, ce qui amenait très rapidement la mort des victimes qui devenaient à leur tour des vampires. Son corps, bien qu’enterré depuis des semaines, des mois, même des années, conservait toute sa fraîcheur. Son sang, rajeuni par le sang de ses victimes, restait fluide et gardait sa couleur. Aussi, lorsque par les ravages causés dans un endroit, on soupçonnait un mort d’être coupable, on ouvrait son tombeau et si, au lieu de le trouver en décomposition, comme il convient à celui d’un bon chrétien, on voyait son corps intact, on en concluait qu’il était un vampire, et, sans qu’il protestât, on le traitait comme tel : on lui coupait la tête, on lui enfonçait un pieu dans le corps, souvent on le brûlait, ce qui le rendait inoffensif pour l’avenir. Il y avait de quoi. 

Quelques exemples, du reste, montreront ce qu’était la croyance populaire à ce sujet. Le premier est extrait d’une lettre adressée à Dom Calmet par un aide de camp du duc de Wurtemberg, M. de Beloz, qui certifie le fait dont furent témoins 1.300 personnes dignes de foi. 

En 1732, vivait, dans un village près de Belgique, une famille composée d’un individu et de ses cinq neveux ou nièces. Dans l’espace de quinze jours, cet homme et trois de ses neveux moururent de la même maladie : un matin, au réveil, ils se sentaient très faibles, pouvaient à peine marcher, comme si le sang eût manqué dans leurs veines. Le lendemain la faiblesse augmentait et le surlendemain ils s’éteignaient, sans secousse, épuisés. Restait une des nièces, belle jeune fille pleine de santé, qui tout à coup dépérit à son tour et déclara que par deux fois, la nuit, un vampire l’avait sucée. On chercha qui était mort, parmi les proches, car les vampires s’acharnent surtout sur leurs parents, et l’on pensa au frère de cet homme, à un autre oncle de ces cinq jeunes gens, enterré trois ans plus tôt. On résolut d’ouvrir son tombeau. Aussitôt accourut des villes voisines une foule considérable. Le duc de Wurtemberg vint lui-même de Belgrade sous une escorte de 24 grenadiers, avec une députation composée de gens intelligents et haut placés. 

A l’entrée de la nuit, on se rendit au cimetière où reposait le corps du soi-disant vampire. 

« En arrivant, dit M. Beloz, on vit sur son tombeau une lueur semblable à celle d’une lampe, mais moins vive… On fit l’ouverture du tombeau et l’on y trouva un homme aussi entier et paraissant aussi sain qu’aucun de nous assistants. Les cheveux et les poils de son corps, les ongles, les dents et les yeux (ceux-ci demi-fermés) aussi fermement attachés après lui qu’ils le sont actuellement après nous qui avons vie et qui existons, et son coeur palpitant. » 

On sortit ce corps, qui avait perdu sa flexibilité, mais dont les chairs restaient intactes. Un des assistants, armé d’une lance de fer, lui perça le coeur et il coula de la plaie « une matière blanchâtre et fluide, avec du sang », sans aucune odeur. D’un coup de hache, on lui trancha la tête: même liquide. On rejeta le corps dans la fosse remplie de chaux vive.  A partir de ce jour, la nièce se porta mieux, guérit même complètement.  

Quelque temps après, un officier hongrois écrivit à Dom Calmet, dont on connaissait les recherches sur les phénomènes mystérieux, et lui raconta que, lors de son séjour chez les Valaques avec son régiment, deux de ses hommes étaient morts de langueur, de telle sorte que leurs camarades les déclarèrent victimes d’un vampire. Pour découvrir ce dernier, le caporal employa le moyen usité dans le pays : il mit un enfant tout nu sur un cheval noir et les conduisit dans le cimetière où il les promena successivement sur toutes les tombes. Arrivé devant une, le cheval refusa obstinément d’avancer. Les soldats témoins de l’épreuve ouvrirent le tombeau, trouvèrent dedans un corps intact, qu’ils reconnurent pour être celui d’un vampire, lui enfoncèrent un pieu dans le coeur, lui coupèrent la tête et revinrent, satisfaits, raconter cette aventure à leur officier qui entra dans une colère affreuse.

« J’eus toutes les peines du monde, écrivit-il, à me vaincre et à ne pas régaler le caporal d’une volée de coups de bâton, marchandise qui se donne à bon prix dans les troupes de l’Empereur. J’aurais voulu pour toutes choses au monde être présent à cette opération. » 

E. d’Hauterive. « L’Écho du merveilleux. » Paris, 1902.

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