La saint Glin-Glin
Parmi les saints du calendrier, plusieurs ont été inventés de toutes pièces. D’ailleurs, leurs historiens (les hagiographes, comme on les appelait au Moyen Âge) ont été les premiers à en convenir. De leur temps la « Vie des saints » s’appelait La Légende dorée.
L’origine de ces personnages est curieuse parfois. Ainsi saint Martin vient de aster marinus (astre marin), qui était le génie protecteur des navigateurs romains. Vers la même époque, venu le jour de l’an les Romains se souhaitaient une « perpétuelle félicité » , ce qui, en latin, se dit perpétuam felicitatum. Plus tard, le jour de l’an ayant changé de date et le latin tombant en désuétude, on fit de ces deux mots deux noms propres : Perpétue et Félicité.
Quant à saint Glin-Glin… c’est un saint plus récent, mais qui, lui, a été « authentifié » par un jugement si nous en croyons l’anecdote suivante rapportée par un almanach du siècle précédent.
Il y avait alors un débiteur facétieux qui avait promis à son créancier de le rembourser à la saint Glin-Glin. Ce débiteur, comme beaucoup de ses pareils, se faisant tirer l’oreille, fut cité devant le tribunal compétent. Là le juge, facétieux lui aussi, déclara que saint Glin-Glin n’était pas un personnage imaginaire. Sa fête tombait le 1er novembre, fête de la Toussaint, c’est-à-dire de tous les saints connus ou inconnus, et le débiteur fut condamné à payer.
Paya-t-il, c’est moins sûr, mais ceci, comme dit Kipling, c’est une autre histoire.
« Almanach des coopérateurs. » Limoges, 1936.