Lépine et son petit cahier
Notre ancien gouverneur général, M. Louis Lépine, n’était pas toujours l’homme sec et rigide dont son successeur d’aujourd’hui, M. Viollette, rappelle si heureusement le visage et le caractère. Il avait par moments le mot pour rire et ses traits austères se détendaient quand il feuilletait certain petit cahier qu’il communiquait volontiers. Il y avait collectionné des phrases cueillies dans les rapports envoyés par ses agents lorsqu’il était préfet de police.
En voici quelques-unes :
« A l’angle de la rue M… et de la rue O… j’ai vu une palissade qui n’existait pas ».
« J’ai aidé à transporter le blessé dans une pharmacie, il ne pouvait presque pas du tout écrire, ses deux pieds étant complètement écrasés».
« Sur la place de la Concorde, j’ai fait arrêter un bicycliste qui n’avait pas de plaque à sa machine; sur mon optempération, il m’a présenté sa carte de membre perpétuel de la Société des animaux ».
« … A la hâte, j’ai été chercher le docteur B…, il a examiné le malade et a constaté qu’il avait plusieurs esquimaus sur le corps ».
« A la sortie du théâtre, j’ai reconnu… le pickpocket X… Je me suis approché, l’ai arrêté et il m’a dit que ce n’était pas lui ».
« Annales africaines. » Alger, 1926.