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Les anecdotes
30 décembre 2021

Sitting Bull, le Napoléon indien

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La Pall Mail Gazette donne un récit détaillé de la fin tragique de Sitting Bull et rappelle sa vie héroïque, tout entière consacrée à une lutte inégale avec l’homme blanc, son ennemi naturel, devant lequel il n’a jamais désarmé.

La police indienne au service du gouvernement américain surprit Sitting Bull dans son camp au moment où il se préparait avec sa troupe à rejoindre les Indiens révoltés qui pillaient les bords du fleuve Blanc. La police ayant réussi à cerner le camp, sans jeter l’alarme dans les rangs, put capturer sans trop de peine Sitting Bull et l’emmener dans la direction du poste de Standerdy Rock Agency. Mais le fils de Sitting-Bull, Blackbird (oiseau noir), un grand gars athlétique et courageux comme son père, entraîna ses compagnons à la rescousse du vieux chef.

Les femmes et les enfants se cachèrent dans les buissons, tandis que les hommes, avec des cris de guerre, fondaient sur la police et tiraient dessus à bout portant. La fusillade fut longue et nourrie, puis un combat corps à corps suivit; Sitting Bull, qui n’était pas bâillonné, donnait ses ordres à haute voix. Pendant plusieurs minutes les coups de feu se succédèrent sans interruption, abattant chaque fois un homme. Sitting Bull fut tué raide par une balle et tomba de cheval. On ignore si le coup vint des hommes de police ou si une balle égarée lancée par un des siens l’atteignit par ricochet. Le fils de Sitting Bull avait été tué par le premier feu des gendarmes.

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La mort du chef et de son fils ne mit pas fin au combat, les Indiens se battirent avec fureur et mirent la police en fuite : un cavalier de gendarmerie courut au poste chercher du renfort, en route il rencontra une troupe de cavalerie sous les ordres du capitaine Souchet et une troupe d’infanterie commandée par le colonel Dunn, qui se portèrent au secours de la police. Il était temps, le peloton de gendarmerie aurait été massacré du premier au dernier homme. Les soldats s’avancèrent à genoux et un feu nourri eut raison des derniers combattants. Les Indiens survivants s’enfuirent de toute la vitesse de leurs chevaux dans la direction de Badlands, ou un autre chef, Start Dull, s’est retranché avec 200 Indiens d’Ogallala. 

Les corps de Sitting-Bull et de son fils Blackbird sont restés aux mains des ennemis.

Sitting-Bull avait à peu près cinq pieds huit pouces de haut; il avait reçu il y a quelques années une balle dans la hanche et resta légèrement boiteux. Quand il parlait, il avait l’habitude de s’asseoir sur ses talons, ce qui lui a valu son nom de Sitting-Bull (Assis). Ses yeux étaient profondément enfouis dans l’orbite, et il ne regardait jamais un ennemi en face, sauf quand il était en colère; dans ces occasions ses yeux flamboyaient comme des tisons ardents, Il est mort à l’âge de cinquante ans. 

Ce « Napoléon des Peaux-Rouges » était né pour commander, et pour vaincre, ainsi qu’il l’a prouvé dans plus d’une héroïque sortie. Il était hardi, indépendant, et méprisait l’homme blanc. En 1869 il attira l’attention du gouvernement des Etats-Unis. Un Indien de sa tribu ayant été assassiné par les Blancs de « sang-froid », selon son expression, il alla trouver le général Morrow pour un « pow-wow », c’est-à-dire pour demander satisfaction de l’outrage fait aux siens. Le général, pour aplanir les difficultés, offrit de « couvrir » le corps; il empila sur le cadavre des couvertures et d’autres présents, jusqu’à ce que le chef indien se déclarât satisfait.

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A partir de ce moment la renommée de Sitting-Bull fut établie et alla toujours grandissant; il devint le chef d’une des plus puissantes tribus de la plaine. Il campait dans les pampas et ne permettait jamais à un étranger de mettre les pieds sur son territoire. Il n’attaquait personne et demandait simplement qu’on le laissât tranquille en retour. Il considérait les bords du Yellowstone et de ses tributaires comme formant son territoire. Il ne lui est jamais arrivé de solliciter une faveur du gouvernement. De 1875 à 1876, pour un léger malentendu, il entra en lutte avec les Américains. Ceux-ci, concentrés dans le Fort-Pease, se virent assiégés et menacés par la famine. Ils parvinrent pourtant à faire parvenir un message pour demander des secours.

Lorsque Sitting Bull apprit que des troupes venaient pour délivrer les blancs, il s’engagea à laisser sortir saine et sauve toute la garnison, pourvu que pas un coup de fusil ne fût tiré. Cette promesse fut fidèlement tenue par le chef indien; seulement, dès que les Américains furent partis, il mit le feu au fort et n’en laissa pas une pierre debout. Après cet exploit, Sitting Bull fut attaqué avec témérité par le général Custer, qui trouva la mort sur le champ de bataille de Little Big Horn, le 25 juin 1876. Il se battit comme un lion, mais, écrasé par le nombre, il fut contraint de chercher un refuge au Canada sous la protection du drapeau anglais. Cependant, il regrettait toujours son ancien territoire et profita d’une amnistie pour rentrer sur la terre américaine.

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Le gouvernement des Etats-Unis fit beaucoup d’avances à Sitting Bull, et les autorités locales avaient l’ordre de le ménager; mais rien ne pouvait l’empêcher de regarder l’homme blanc comme son ennemi naturel. Il accusait les Blancs de toujours fomenter sournoisement des révoltes, afin d’avoir un prétexte pour tirer sur les Peaux-Rouges et pour s’emparer de leurs possessions. Il n’accepta qu’à contre-cœur les libéralités du gouvernement américain.

Jusqu’à son dernier souffle il resta le type de l’Indien des pampas, sauvage et réfractaire à toute civilisation. Il vécut et mourut en brave.

Il est peu probable que Sitting Bull, ait un successeur de sa taille. Il restera dans l’histoire comme la personnification d’une race qui s’éteint, et une des figures les plus originales de notre siècle.

« Le Pays. » Paris, 25 décembre 1890.

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