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Les anecdotes
29 novembre 2021

Malversations et faux en écritures publiques

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La direction des affaires publiques du comté de Warren dans le New Jersey, près de New York, est confiée à un conseil électif chargé de percevoir les impôts et de contrôler les dépenses.

Depuis dix ou douze ans, l’élection avait maintenu en fonctions, comme membres de ce conseil, un groupe de citoyens qui occupaient des positions honorables et qui jouissaient de la confiance générale. On remarquait entre autres, parmi eux, un banquier, un médecin et un avocat des plus renommés de la contrée.  Le comté de Warren est exclusivement agricole et peuplé principalement de cultivateurs aisés, assez intelligents et suffisamment instruits. ses ressources sont assez grandes et ses dépenses peu considérables, et pourtant, à chaque instant, il fut obligé de recourir à des emprunts.

Enfin, un citoyen résolu voulut savoir pourquoi les dépenses du comté augmentaient dans une proportion extravagante. Il s’est porté comme candidat aux fonctions de conseiller, s’est fait élire malgré l’association occulte des membres du conseil qui se faisaient élire chaque année tous ensemble, et son entrée dans le conseil fut le signal de la chute des coupables.

On découvrit qu’une somme de cent mille dollars avait été détournée, et que, pour masquer ce détournement, il avait fallu recourir à de nombreuses falsifications d’écritures. La justice fut saisie de l’affaire : dix-sept membres du conseil furent successivement arrêtés.

Dix des principaux coupables ont été condamnés de deux à quatre années de réclusion. Le juge, en prononçant l’arrêt, a, selon la coutume, commenté le crime et donné une petite leçon de morale aux condamnés :

« La série de crimes que vous avez commis, a-t-il dit, est sans précédent. Des malversations analogues ont sans doute été faites dans certaines villes populeuses, où des hommes poussés par la manie de la spéculation et dépourvus de sens moral ont abusé de la confiance mise en eux. Mais dans un district agricole, au milieu des influences moralisatrices qui vous entourent, un tel crime est monstrueux. »

Puis, en condamnant l’attorney du comté, M. John Givens, avocat, le juge a dit avec sévérité :

« C’est la première fois depuis que je suis magistrat que j’ai pour devoir de prononcer une condamnation contre un membre du barreau reconnu coupable d’un crime, et ce devoir est des plus pénibles. Vous avez été jugé impartialement et reconnu coupable. Il m’appartient de vous dire qu’à l’ouverture de la session judiciaire prochaine, je ferai rayer votre nom de la liste des avocats, attendu que vous avez cessé d’être digne de figurer dans les rangs d’une profession honorable. La Cour vous condamne à dix-huit mois de réclusion pour chacune des deux charges établies contre vous. Elle décide toutefois que les deux peines se confondront. »

Il est heureux que nos avocats français n’aient jamais eu de pareilles remontrances à recevoir d’un président d’assises.

« Almanach de France et du Musée des familles. » Paris, 1880.

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